Valorisation agronomique

Qu’il s’agisse de compost, d’urine ou de fèces désséchées, la réintroduction de nos excrétas? dans le sol doit suivre un certain nombre de précaution afin d’éviter tout risque de contamination par les germes pathogènes et toute pollution des milieux hydrauliques de surface ou souterrains par des nitrates, phosphates ou résidus médicamenteux.

Terr’Eau a participé en 2010 à la rédaction d’un Guide de Bonnes Pratiques pour le Compostage des Résidus de Toilettes Sèches qui détaille les recommandations à suivre pour un compostage optimal. En ce qui concerne la valorisation des sous-produits de toilettes à séparation, le groupe de recherche EcoSanRes a publié deux documents très complets sur le sujet : Recommandations pour un usage sans risque de l’urine et des matières fécales en 2004 et Conseils pratiques pour une réutilisation de l’urine en production agricole en 2011.

Au sujet de la valorisation de l’urine, directement ou après transformation, de nombreuses expériences ont lieu ces dernières années, ci-dessous quelques liens vers des présentations francophones. En 2016, L’urine de l’or liquide au jardin, fruit d’un long travail d’expérimentation mené par de Renaud de Looze, est distribué par les Éditions du Terran permettant la vulgarisation du sujet [1]. En 2017 Tristan Martin produit son rapport de stage sur la Valorisation des urines humaines comme source d’azote pour les plantes : une expérimentation en serre. En 2017 ECOSEC, une PME Montpelliéraine qui conçoit et réalise des toilettes sèches, produit le rapport Tour de France : projets scientifiques liés au traitement et à la valorisation de l’urine puis en 2019 Concrétiser la valorisation agronomique de l’urine humaine. Enfin la Société VUNA transforme l’urine pour la commercialiser sur le nom d’Aurin.

En attendant une lecture détaillée de ces documents, voici une courte synthèse des principales recommandations concernant la réintroduction du compost [2] et de l’urine dans les sols pour une valorisation agronomique :

Compost :

  • Réintroduire le compost dans le sol après qu’il ait séjourné dans un composteur au minimum un an et demi sans apport de matières fraîches [3].
  • Amender les sols en compost à l’automne, période où l’activité biologique du sol est la plus intense.
  • Intégrer le compost dans les horizons superficiels du sol (5-15 cm).
  • Respecter les besoins des plantes en nutriments selon les espèces, généralement plus la culture est longue, plus les besoins en compost sont élevés. Ainsi, courges, pommes de terre, poireaux, tomates ont des besoins importants en compost contrairement aux radis, salades et oignons qui peuvent très bien s’en passer.
  • Couvrir le sol d’un paillage végétal (paille, BRF, mulch, tonte de pelouse) afin de protéger le sol du lessivage.
  • Respecter un délai minimum d’un mois entre amendement et récolte.

Urine :

  • Utiliser l’urine après stockage (hygiénisation des éventuels pathogènes présents) et dilution dans l’eau d’arrosage (de 1:3 à 1:10).
  • Ne pas dépasser la quantité maximale d’azote autorisée à l’hectare (170kg/ha), ce que l’on peut traduire par 3,4 L d’urine pure par m² en se basant sur une teneur en azote moyenne de 5 g par litre d’urine [4].
  • Respecter les besoins des plantes en azote selon les espèces et la période de l’année : les cucurbitacées sont gourmandes en azote alors que les légumineuses n’ont pas besoin d’apports, les plantes ont besoin d’azote pour leur croissance végétative, les apports d’azote sont inutiles en hiver et peuvent s’avérer contre productif en période de fructification.
  • Épandre l’urine sur un paillage ou alors au ras du sol en recouvrant de terre.
  • Respecter un délai minimum d’un mois entre fertilisation et récolte.

[1en voici une présentation

[2Ces mêmes recommandations s’appliquent aussi pour les fèces desséchées bien que leur nature diffère.

[3délai de sécurité de 2 ans réduit à 18 mois sur les fiches de préconisation de l’ADEME et à 1 an sur le rapport d’étude "Gestion des sous-produits de toilettes sèches familiales" réalisée par Toilettes Du Monde et le RAE-Intestinales, en page 50

[43 à 7 grammes d’azote par litre d’urine selon ce guide publié par EcoSanRes

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