Comment remplacer une fosse septique classique par une pédo-épuration ? En supprimant les toilettes à eau on se retrouve avec des eaux usées peu chargées et faciles à épurer, il reste à potasser pour définir un système efficace et le réaliser. Cerise sur le gâteau, réutiliser tant que faire se peut les ouvrages existants. Ci-dessous le témoignage d’un projet que nous avons accompagné sur dossier et par téléphone.
Nous nous sommes installés en septembre 2017 dans une ancienne maison de vacances de 112 m² habitable, construite en 1974 et comportant 5 chambres, donc considérée pour 6 équivalent-habitants. Le système d’assainissement se composait de :
- pour les eaux noires une fosse septique circulaire en béton de 1 m³ dont le trop-plein passait par un bac décolloïdeur
- pour les eaux grises 2 bacs à graisses (correspondant à 2 évacuations différentes) Les sorties du décolloïdeur et des deux bacs à graisses, ainsi que les eaux pluviales se jetaient dans un puisard.
Le rapport du SPANC précise que nous devons mettre notre assainissement aux normes dans l’année qui suit l’acquisition de la propriété. Deux propositions :
- faire installer une fosse toutes eaux de 4 m³ avec sortie sur un champ d’épandage, soit un linéaire de 60 mètres de tube à 40 cm de profondeur, grosse surface de terrain éventrée pour un coup global de 6 000 €
- nous raccorder au tout-à-l’égout qui passe à l’entrée de la propriété. Au moment de l’installation du tout-à-l’égout, il y a une dizaine d’années, la SAUR avait décidé de ne pas installer de regard pour cette propriété, sans doute à cause de l’éloignement de la maison par rapport à la route où passe le collecteur et aussi du fait qu’elle est en contrebas de ce dernier. Si un regard avait été prévu, les précédents propriétaires auraient eu l’obligation de s’y raccorder. J’ai demandé un devis, le raccordement nous coûtait sensiblement autant que la première solution. Avantage moins de dégâts sur le terrain, mais avec l’inconvénient majeure que notre facture d’eau aurait doublé, voire triplé, avec l’abonnement assainissement et sa taxe sur l’eau consommée.
Nous aurions pu continuer à utiliser le puisard qui semblait fonctionner sans problèmes. Notre sol sableux est très drainant. Mais j’ai l’impression, peut-être fausse, que lors du prochain contrôle du SPANC, j’aurais plus d’arguments pour faire accepter mon système de pédo-épuration. De toute façon, à terme je voudrais éliminer ce puisard mal placé pour rediriger les eaux pluviales vers une mare à créer.
Dès notre arrivée dans la maison nous sommes passés aux toilettes sèches. Il restait juste à régler la question des eaux grises. Notre système de pédo-épuration s’est inspiré de différents documents trouvés sur internet. Il est composé d’un bac à graisse, pré-existant et relativement récent, d’environ 135 litres, recevant les eaux grises en provenance de l’évier, de la machine à laver et de la douche de l’étage. Les eaux grises en provenance de la salle de bains, située au rez-de-chaussée, ne passent pas par le bac à graisse. J’ai démoli la fosse septique et j’ai installé à sa place un tonneau en plastique de 135 litres que j’ai enterré presque complètement.
Les eaux grises y arrivent par gravité, par des tubes PVC de 40 mm. J’y ai placé une pompe de relevage ou vide-cave de 250W, notre terrain n’ayant pratiquement pas de pente. Cette pompe alimente, au moyen d’un tube en PVC de 32 mm et par bâchées d’une trentaine de litres, une paire de tranchées situées à une dizaine de mètres du bac.
Ces tranchées sont parallèles, espacées de 1,50m, longues de 6 mètres par 0,50m de large et 0,30m de profondeur.
Elles sont remplies d’un mulch de broyat de bois de conifère. Nous aurions préféré y mettre du feuillu mais n’en n’avons pas trouvé à ce moment-là. Les dimensions des tranchées correspondent à 1m² par équivalent habitant (EH). Une fois par semaine j’alterne l’écoulement des eaux grises dans le broyat d’une tranchée à l’autre. Comme préconisé dans les documents consultés, l’écoulement est dirigé verticalement vers le haut, conformément à la réglementation (pas d’eau à l’air libre), et j’ai installé un pot de fleur retourné sur la sortie des tuyaux pour éviter un effet « geyser » .
Le seul entretien a consisté à rajouter des algues dans la tranchée pour remettre à niveau le mulch qui avait fondu. Cependant l’utilisation d’algue s’est avérée être une erreur ; la tranché s’est colmatée. Il a fallu retirer ces algues et remettre du broyat classique. Nous utilisons maintenant ce système depuis plusieurs mois sans aucune nuisance (olfactive, insecte, stagnation d’eau).
Comme notre sol est très drainant et que je pense que la longueur des tranchées ne sert à rien, je compte installer un tuyau souple qui me permettra de distribuer les eaux grises manuellement et ponctuellement sur toute la longueur des tranchées.
L’installation a coûté environ 100 € entre la pompe et les tuyaux en PVC. Le tonneau était présent sur la propriété lorsque nous l’avons achetée.
Voici une liste de document disponible sur internet et qui ont également aidé dans la conception de ce projet :
Terr’Eau : "Le petit manuel de pédo-épuration« EcoSanRes : »Introduction à la gestion des eaux grises« Réseau de l’Assainissement Écologique et le Pôle Eco-Assainissement des Baronnies Provençales : »Caractérisation des Eaux Ménagères domestiques et de 3 filières de traitement associées« Pierre et Terre : »Assainissement par pédo-épuration« Toilettes du monde : »Fiche Pédo-épuration de l’étude de caractérisation des eaux ménagères, page19" [1]
Eautarcie : "Le traitement sélectif des eaux grises"