Du poison dans l’eau du robinet Enregistrer au format PDF

Huit mois de tournage, d’investigations, de rencontres. La journaliste indépendante Sophie Le Gall a réalisé un travail considérable pour enquêter sur la qualité de l’eau qui coule des robinets des Français. Son film « Du poison dans l’eau du robinet », diffusé lundi 17 mai 2010 à 20 h 35 sur France 3 dans le cadre de l’émission « Hors série » animée par Marie Drucker, est une charge sévère de 90 minutes qui montre que le danger est bien réel…

Pour ceux qui n’ont pu regarder l’émission en direct, vous pouvez la retrouver en ligne découpée en 11 parties.

Par exemple en partie 3 un passage assez étonnant , où la directrice des risques sanitaires de l’AFSSA [1], organisme chargé de la santé publique, c’est à dire la nôtre, refuse de répondre à l’enquêtrice sur les recommandations à faire en cas de dépassement des références de qualité et demande de couper l’émission, comme s’il s’agissait d’un secret défense !

Cette excellente émission donne des frissons.

Ci dessous un extrait de l’interview de Sophie Le Gall réalisé par Frédéric BERG de Charente Libre qui n’est malheureusement plus accessible sur leur blog. "… en France, alors qu’il existe des normes sanitaires, l’État tolère que des communes ne les respectent pas. Aussi pour informer sur les mises en garde de nombreux scientifiques au sujet des pollutions et notamment une émergente et peu surveillée : celle aux médicaments…

… Le film est découpé en quatre parties : une consacrée à la pollution par l’aluminium, une autre sur les nitrates et les pesticides, une troisième sur le radon et donc la fin sur les médicaments que l’on retrouve dans l’eau du robinet mais aussi dans les eaux des rivières où les scientifiques ont constaté que des poissons avaient changé de sexe. Ce qui est compliqué avec l’eau, c’est qu’elle n’empoisonne pas du jour au lendemain. Du coup, la vigilance n’est pas suffisante…

L’eau qu’on puise dans les cours d’eau ou les nappes phréatiques est de plus en plus polluée… »

Étonnamment, les pathogènes que nous relâchons en sortie de nos WC et qui, non retenus par les STEP, rejoignent les milieux aquatiques et au final nos robinets, sont à peine mentionnés.

Ce n’est sans doute pas pour la raison qu’affirme (partie 10 à 6’20’’) Didier Houssin, Directeur Général de la Santé « ce film … ne dit rien finalement des questions de bactéries et de virus, pourquoi, justement parce que la qualité de l’eau est bonne … », phrase en parfaite contradiction avec la suite de ce qu’il nous raconte … et avec le film dans son ensemble !

Si la qualité de l’eau était si bonne d’où viendraient les épidémies de gastro-entérite ?

Et quid des virus, substance organique en règle générale inférieure à 250 nanomètres, non systématiquement traités par les STEP et les stations de potabilisation ?

Si ce film n’en dit rien c’est sans doute tout simplement parce que bactéries, virus et autres pathogènes ne sont pas recherchés.

Des réactions sur l’excellent site de Marc Laimé.

Vous trouverez ici le point de vue de Laurence Rossignol, secrétaire nationale à l’environnement du Parti Socialiste. Il n’est pas certain qu’elle ait le même point de vue aujourd’hui depuis son siège ministériel !

[1Depuis juillet 2010, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments a fusionnée avec l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail pour former l’Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)

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