Toilettes sèches et permaculture Enregistrer au format PDF

Datant de 2010, cette vidéo présente une expérience de permaculture à Cuba accompagnée par la Fondation Antonio Núñez Jiménez de la Nature et de l’Homme. Les sanitaires écologiques à séparation d’urine, présentés à partir de 8’42’’, sont les premiers installés à Cuba dans un contexte de permaculture, c’est du moins ce qu’annonce une des jardinières-utilisatrices et de préciser "la cuvette est un cadeau de nos frères mexicains".

Alors que l’île jongle depuis 1990 avec un risque de pénurie alimentaire [1] les jardiniers ont intégré les toilettes sèches comme élément incontournable d’une conception permacultrice de l’agroécologie. Ainsi dit Roberto Sanchez, du programme DD de la FANJ, "les toilettes sèches font partie de l’ample concept de l’assainissement écologique, qui lui-même fait partie des systèmes de permaculture implantés par les humains."

Cette idée est peu répandue chez nous dans le milieu de la permaculture, où des blocages, généralement psychologique ou spirituel, incitent les jardinières et jardiniers à épandre le compost issu de toilettes sèches sur des plantes ornementales ou des végétaux dédiés à la nourriture d’autres espèces animales.

Il est vrai qu’en France nous ne sommes pas aidés par les préconisations hygiénistes des organismes publiques ou assimilés, tel les SPANC’s ou l’ADEME qui "interdisent" [2] la réintroduction des résidus de toilette sèche compostés [3] dans les cultures alimentaires. Peu d’études sont accessibles [4], mais il est fort probable que les maladies d’une espèce animale n’affectent pas une autre espèce au métabolisme différent, pas plus que les végétaux ne prennent ni ne stockent les virus nocifs pour l’humain, les médicaments, et résidus médicamenteux que nous déjectons, prévus pour traiter l’humain [5].

Si la situation n’était pas si alarmante nous pourrions rire de ces précautions. Rire jaune en pensant à toute les stations d’épuration qui rejettent leurs eaux insuffisamment traitées dans les milieux superficiels d’où les stations de distribution pompent plus de 40% de l’eau qu’elles distribuent jusqu’à nos robinets. Cette eau rendue "propre" [6] par des traitements compliqués et pas toujours efficaces est susceptible de contenir de forte charge en nitrate ainsi qu’en molécules de synthèse, rarement recherchées quant à elles.

Quid de notre capacité à supporter cette action si stupide de confier à l’eau, nécessaire à la survie de toute espèce, animale comme végétale, le soin de disséminer des contaminants que nous y introduisons volontairement en y déféquant.

Comment ne pas enrager lorsque dans le même temps des usines fabriquent leurs engrais mortifères pour nourrir les plantes et enrichir les actionnaires alors que nous produisons quotidiennement tout l’or brun nécessaire pour garder les sols en bon état et cultiver des plantes saines. « Tout l’engrais humain et animal que le monde perd, rendu à la terre au lieu d’être jeté à l’eau, suffirait à nourrir le monde. ». [7] En 2012, on a consommé dans le Monde 180 millions de tonnes de fertilisants, dont 110 millions de tonnes d’azote [8]. Les 7 milliards d’humains sur la planète peuvent produire 319 millions de tonnes d’azote par an à raison de 12,5 g d’azote/pers./jour [9].

[1suite à la chute du bloc de l’Est et au blocus naval imposé par les États Unis d’Amérique du Nord

[2ces organismes ont un rôle de conseil et de contrôle et non de police

[3l’hygiénisation ayant lieu pendant le processus de compostage et le bon sens du jardinier garantissent l’absence de risque de contamination

[4si vous en connaissez merci de nous fournir les références, cela nous aiderait à étayer nos convictions

[5Une étude, dont je n’ai pas retrouvé la source, portait sur l’injection d’antibiotique dans la tige de pied de tomate, à la récolte pas de trace d’antibiotique dans la tomate.

[6il est avéré que, même en tête de bassin versant, l’eau pompée dans la rivière est parfois non potable

[7Victor Hugo, Les Misérables,Livre II, chapitre 1 : La Terre appauvrie par la Mer

[8Source : FAO (ftp://ftp.fao.org/ag/agp/docs/cwfto16.pdf)

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